Skip to content

La Royale Harmonie - Frameries

De nombreux citoyens se rappellent des sociétés musicales qui rythmaient la vie framerisoise. Le village pouvait compter sur la Ducale Fanfare, la Royale Harmonie, la Fanfare "l'Avenir" ou encore la Fanfare Sainte-Cécile pour divertir les habitants après leur dur labeur.

Pour la Société Royale Harmonie de Frameries, tout commence en 1861, après les élections communales. Un profond changement s'opère au sein du Conseil communal, alors constitué de plusieurs membres dirigeants de la fanfare communale, ce qui amène des dissensions au sein du comité de la phalange musicale. En effet, le seul ensemble instrumental de Frameries est représenté par une classe bourgeoise imbue de ses privilèges.

En 1862, le secrétaire communal, Hector TILLIER, rassemble une quarantaine de musiciens presque tous issus de la classe ouvrière. C'est ainsi qu'est constituée la Société d'Harmonie musicale présidée par Charles DENIS, également appelée "La bande de malicieux".

La jeune société progresse rapidement. Elle obtient son premier prix en 3ème division à Bruxelles en 1865. Le comité profite de la Sainte-Barbe de cette même année pour inaugurer le drapeau de la société musicale.

Les succès s'accumulent :

  • En 1866, 1er prix en 2ème division à Tournai. Suite à cette performance, Sa Majesté le Roi lui accorde le titre de "Société Royale".
  • En 1869, 2ème prix en 1ère division au concours de Douai.
  • En 1880, 1er prix de lecture à vue et 1er prix d'exécution en 1ère division au concours international de Cambrai.

Mais c'est en 1883 que se joue l'un des plus grands triomphes de cet ensemble instrumental. Lors du concours international de Lille, en 1883, la Société Royale remporte le 1er prix d'honneur en division supérieure. Les acclamations étaient à peine terminées qu'ils apprennent que leur plus grande rivale du village, la Ducale Fanfare, est victorieuse dans sa catégorie. Les deux formations se saluent mutuellement en jouant la Brabançonne dans les rues de la ville française. Ce fut du délire ! À Frameries, les cloches sonnent à toutes volées, les maisons et les rues sont décorées de drapeaux, guirlandes et fausses portes.

Cette journée est tellement belle que l'on veut qu'elle reste un souvenir ! Une rue, nouvellement créée, est aussitôt baptisée par décision de nos édiles... rue de Lille !

Une autre voirie va faire l'objet d'un changement. En effet, la rue où habite le président de la Royale Harmonie, Charles DENIS, était également celle qui fait face au domicile du président de la Ducale, Norbert PASSELECQ. C'est pourquoi un poète local, Norbert BRONCHAIN, réalise un immense calicot portant ce texte :

Heureuse coïncidence

D'une double présidence,

Fanfare et Harmonie,

Vous êtes à l'honneur.

Vous récoltez le fruit

De votre dur labeur,

Et puisque vos enfants

Se sont couverts de gloire,

Baptisez cette rue

Du nom de la Victoire.

La rue de la Victoire est ainsi baptisée.

 Après ces succès, la société prend une renommée internationale puisqu'elle est appelée à jouer partout en Belgique et à l'étranger. Vêtus d'un costume de mineurs et coiffés d'un casque de cuir bouilli en bataille, les musiciens portent le renom artistique de leur vieille terre boraine.

 En 1896, l'Harmonie peut enfin disposer d'un local convenable. Sous la présidence de Georges WOUTERS, Désiré PRYS est nommé directeur artistique et la société progresse à pas de géant. Pendant les quatre années de la Première Guerre mondiale, les instruments se taisent pour ne pas être emportés par les Allemands à la recherche de métaux non ferreux.

 En 1925, c'est Maurice CARLIER qui prend la présidence et avec lui Alex De TAEYE prend la direction de la phalange musicale. Il donne une nouvelle impulsion à la société et de nombreux concerts sont donnés. C'est sous sa présidence que des techniciens de l'I.N.R se déplacent, le 2 novembre 1938, pour radiodiffuser un concert. Le renom de l'Harmonie n'est plus à prouver.

 Après la disparition de M. de TAEYE en 1952, la direction est confiée à René DEFOSSEZ, Grand Prix de Rome. Sa parfaite connaissance de l'orchestre et des possibilités instrumentales lui permet d'exécuter des œuvres brillantes, allant jusqu'à la virtuosité. C'est ainsi qu'il propulse l'ensemble instrumental, alors sous la présidence de Joseph DEBURY, à la 1ère place du concours international de Vichy devant huit autres sociétés de différents pays.

 C'est lors d'un banquet de l'Harmonie que René DEFOSSEZ fait diffuser un disque durant toute la soirée. Il s'agit de la prochaine œuvre que la société étudiera : Carmina Burana. Avec l'accord de Carl ORFF, la cantate, alors écrite pour un orchestre symphonique, est retranscrite par Georges URBAIN, alors sous-chef de la phalange musicale. En 1973, le succès est fulgurant. Les premières prestations à Frameries connaissent un véritable triomphe. L'ensemble, composé d'un orchestre, de danseurs et d'une centaine de choristes et de solistes, se produit dans plusieurs villes de Belgique. Elle se produira aux célèbres festivals d'Aix-en-Provence et de Montauroux. Le triomphe est tel que le comité doit décliner plusieurs offres de contrat. La société, composée essentiellement d'amateurs, ne peut demander à ses musiciens d'abandonner leur quotidien.

 En mai 1978, la société présente quelques extraits du célèbre Requiem de Verdi. Mais c'est dans l'église décanale de Rochefort que l'intégralité de l'œuvre est exécutée pour la première fois par la société musicale.

 La société s'illustre également lors des différents événements communaux, ducasses, etc. Les Pierrots et les géants Dominique, Justine et le p'tit Justin participent activement aux cortèges de mi-carême et, par la suite, de l'Ascension. Mais ça, c'est une autre histoire !

 Au décès de son père, son fils, Robert DEBURY, préside aux destinées de la Royale Harmonie. Plus tard, c'est le docteur José RENAUD qui lui succède. Aujourd'hui, la Société Royale Harmonie de Frameries survit toujours. Elle est présidée par Dominique SOTTIAUX.