Skip to content

L'industrie de la chaussure

Les rues de La Bouverie regorgent d'indices sur le passé industriel de la chaussure. En effet, le village était le point névralgique de cette activité dans le Borinage. Voici l'histoire de cette industrie qui était la fierté de toute une région.

Lors du recensement des industries du Borinage en 1846, il n'y avait aucune trace d'une industrie de la chaussure. Il existait des cordonniers qui réalisaient des chaussures sur mesure et des réparations. Le cuir était acheté dans la tannerie du village ou dans les environs, et la fabrication était entièrement manuelle.

Au vu du prix du cuir, les chaussures étaient achetées par une clientèle plutôt bourgeoise. Les ouvriers, qui ne pouvaient se permettre de dépenser une telle somme, s'équipaient chez des sabotiers.

C'est en 1889 que quelques cordonniers borains se rendirent à l'exposition universelle de Paris, où étaient présentés de nouveaux outillages très pratiques et moins coûteux pour la fabrication industrielle de la chaussure.

La même année, Charlemagne Quenon implanta sa première entreprise dans la rue Achille Urbain à La Bouverie. Ce lieu avait été choisi pour l'abondance de main-d'œuvre à bon marché dans un rayon limité. De plus, ce travail, étant moins difficile et plus noble que celui de la mine, il était aisé de trouver des salariés.

Le marché fut prolifique puisque, dès 1893, les ateliers furent agrandis et, en 1898, une mécanisation complète avait été mise en place.

À la fin du 19e siècle, La Bouverie comptait plusieurs dizaines de fabriques de chaussures. Des noms bien connus dans le Borinage tels que Perle, La Nerva, Apollo ou encore Supra provenaient des ateliers bouverisois.

Afin de former les futurs ouvriers, une première école de la chaussure vit le jour dans la rue des Quatre Bonniers. La seconde école, beaucoup plus spacieuse, prit place au croisement de la rue de la Bergerie et de la route Provinciale. Le bâtiment existe d'ailleurs toujours et abrite aujourd'hui la Fabrique de Théâtre.

En plus de cette industrie, La Bouverie pouvait compter sur deux usines de boîtes en carton pour chaussures dans les rues de la Libération et Rogier (aujourd'hui rue des Squares), ainsi qu'une fabrique d'emporte-pièces dans la rue Notre-Dame de Grâce.

Cette activité prolifique s'estompa après la crise économique des années 30. En 1930, La Bouverie comptait encore une cinquantaine d'ateliers qui employaient plus de 1 000 ouvriers. En 1935, il ne subsistait plus que 35 sociétés, et la dernière ferma définitivement ses portes en 1958.

Cette industrie prospéra durant moins d'un siècle, mais de nombreux souvenirs sont encore visibles dans les différents quartiers de La Bouverie.

Sources :

  • Le Borinage et la chaussure, une histoire d’amour dramatique – Claudine VOLAND
  • La Bouverie : l’identité d’un lieu-dit. Notes historiques – André DOPCHIE – Annales du cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain et de la région – Tome X, 2005
  • L’industrie de la chaussure dans le Borinage : de la prospérité au déclin – Pierre TILLY